La littérature jeunesse à l'école

http://littjeunesse.free.fr/

François David (Le questionnaire)

François David

François David est auteur mais aussi éditeur, vous retrouvez les livres qu’il édite sur le site suivant :

www.editions-motus.com

1. a.Que signifie, que représente pour vous d’écrire pour la jeunesse ?

D’écrire vraiment, sans chercher à flatter son lecteur ou à lui complaire. Sans penser même à lui trop souvent. Paradoxalement, il me semble que c’est cela, le respecter. Ecrire « pour la jeunesse », ce n’est pas écrire en ayant sans cesse à l’esprit son lecteur. Jacques Prévert demeure un des principaux poètes étudiés en classe et pourtant… il écrivait rarement ses textes poétiques en pensant à de jeunes lecteurs puisqu’il écrivait pour tous les publics.

 

b. Que cela implique-t-il également ?

Une responsabilité… qui ne doit toutefois pas devenir de l’auto-censure. C’est un assez délicat et subtil équilibre.

Et aussi, avoir conscience que les jeunes lecteurs ne peuvent avoir déjà une culture, des références et une maîtrise lexicale comparables à celles des lecteurs adultes.

 

2. Que peut apporter la littérature de jeunesse à l’école ?

Liberté. Émerveillement. Imagination. Découverte de certains problèmes, de certaines questions, mais avec distance, sans l’immédiateté… des « medias ».

Et aussi ce sentiment si important, essentiel même pour certains lecteurs de se construire. De se trouver, de se comprendre mieux et, partant, de mieux comprendre les autres également. Et se sentir soudain moins seul.

 

3. La littérature de jeunesse à l’école, doit-elle se faire avec les auteurs ?

Pas forcément toujours avec la présence des auteurs. Ce qui compte, n’est-ce pas letexte de l’auteur plus que lui-même (sympathique.. ou antipathique, là n’est pas, je crois, l’essentiel… même si, bien sûr, les rencontres chaleureuses sont les plus belles… et laissent parfois de grands souvenirs) ?

 

4. a.Que peuvent apporter les auteurs lors de leurs interventions ?

Une ouverture. Un éveil sans doute différent. Une très grande liberté mais … une égale exigence.

 

b. Quelles modalités permettent de rendre efficaces ces interventions ?

En premier, le plus nécessaire, je crois, est l’apprentissage réel, patient, émouvant de l’écoute. L’écoute de l’autre.

 

Ensuite,bien sûr, la rencontre ne fait vraiment sens que si les classes ont découvert de près auparavant plusieurs livres de l’auteur et ont des questions précises à ce propos (notamment sur la forme -le choix des mots, le rythme, les constructions, les sonorités…- autant que sur les situations). Cela ne gêne nullement de répondre à des questions personnelles (en souhaitant qu’elles proviennent précisément d’une personne – d’un élève, d’un autre…, plus que d’un groupe lisant des questions « collectives »), mais je crois que la rencontre est plus forte et plus dense lorsqu’il devient possible d’aller plus loin que les simples données d’état-civil ou les diverses questions autour du « combien ? » (Combien de temps  pour un poème ?… Pour un recueil ?... Pour un roman ?... Combien de sous ?... Combien de livres… ?) Ce qui me semble intéressant, c’est de profiter d’être ensemble pour pouvoir échanger, vraiment approfondir sur tel ou tel aspect, et rebondir. Presque toujours cela se passe très bien, si bien ! Mais parfois, on aimerait… que l’on profite encore plus de la venue de l’auteur, venant de loin, pour le questionner davantage sur ce qui constitue vraiment sontravail au-delà de données qu’on peut trouver, sans qu’il soit présent, par exemple sur Internet. Les rencontres alors, je crois, prennent toute leur portée. Et certaines même deviennent inoubliables.

 

c. Et inversement, que vous apportent ces rencontres avec les enfants ?

Leurs réactions précieuses, touchantes ou pertinentes, quelquefois étonnantes, pour nous si importantes et si précieuses, puisqu’ils sont les « lecteurs » de nos livres.

Mais parfois, cela ne passe pas par les mots ou par ce qui est dit. Cela peut se lire dans un regard aussi. Par l’intensité de l’écoute. Par la qualité d’un silence. Par un sourire. Par une présence, encore, alors que les autres se sont éloignés…

 

d. Avec les enseignants, ou les autres médiateurs du livre ?

Je ressens une très grande et très sincère admiration pour le travail des enseignants. C’est un investissement si nécessaire et si complémentaire. En n’oubliant jamais qu’il s’agit de deux temps différents : celui de l’écriture, qui, d’après moi, doit être libre, sans visée pédagogique surtout, puisque cela sera le travail de l’enseignant, travail qui ne peut vraiment se faire que s’il s’appuie sur un vrai livre, pas un livre déjà pensé ou conçu depuis le début pour être utilisé en classe. J’éprouve, oui, une très grande gratitude pour toute cette irremplaçable implication des enseignants et des autres médiateurs du livres (bibliothécaires, ou journalistes, ou membres d’associations, les bénévoles de « Lire et Faire Lire »… et les parents aussi). Et comme je leur sais gré de savoir, avec autant de patience que de passion, faire aimer ces livres… qui sans eux, n’auraient, le plus souvent, pas été découverts !