La littérature jeunesse à l'école

http://littjeunesse.free.fr/

Cécile Hudrisier (Le questionnaire)

Cécile Hudrisier.

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1. Pour vous, la littérature de jeunesse a-t-elle un intérêt à l’école ?

Oui, évidemment. L’album peut être un support intéressant pour l’apprentissage de la lecture, ou pour faire aimer la lecture. Et il donne l’occasion aux auteurs et aux illustrateurs d’aller dans les classes, d’expliquer leur travail, et je pense que c’est toujours intéressant de faire partager sa passion pour son métier aux enfants.

 

2. Que signifie pour vous d’illustrer des livres de littérature de jeunesse ?Que cela implique-t-il pour votre travail ?

Je m’adresse aux enfants, mais j’essaie en priorité de me faire plaisir et de créer une belle image. Je n’essaie pas de faire un dessin « pour » les enfants.

J’essaie toujours de glisser des petits détails rigolos, pour les touts petits qui ne savent pas lire, ou pour ceux qui connaissent l’histoire par cœur, et ont encore envie de regarder les images. Je me souviens que quand j’étais enfant, c’était le genre d’attention de la part de l’illustrateur que j’adorais !

Du coup, j’essaie de transmettre ça à mes petits lecteurs.

 

3. Quelle relation « adoptez-vous » par rapport au texte que vous illustrez ? Comment envisagez-vous le rapport texte-image ?

Je suis au service du texte, mais je sais aussi que si j’ai été choisie pour l’illustrer c’est parce qu’on attend de moi que j’amène quelque chose de plus. Que j’y apporte mon humour, mon univers. Du coup, je ne l’ai jamais vécu comme quelque chose de contraignant. Parfois, l’image permet d’aller plus loin que ce que raconte le texte. D’autre fois, le texte suffit, et l’image peut se permettre d’être plus légère.

Quelquefois, l’auteur, me glisse en didascalie des détails qu’il aimerait voir apparaître dans l’image. C’est souvent le cas avec Pierre Delye, l’auteur de « la grosse faim de petite bonhomme ».

Nous adorons tous les 2 jouer avec les mots. De mon côté, je trouve toujours intéressant de glisser des onomatopées (que je rajoute en papiers découpés, façon lettre anonyme) à l’intérieur de l’illustration. D’un point de vue purement plastique, je trouve que ça rythme mon illustration, et d’autre part, les enfants trouvent ça rigolo.

 

4. Comment entrez-vous dans le processus d’élaboration d’un livre ?

C’est l’éditeur qui fait la liaison entre auteur et illustrateur. Mon éditeur fait travailler certaines personnes, il reçoit des textes, et pense à des illustrateurs. Je reçois donc des textes par le biais de mon éditeur. Si je suis intéressée, je me lance, et propose des crayonnés. Ce crayonnés seront aussi montrés à l’auteur. Parfois, le travail avance et se conclut sans que je rencontre ou discute avec l’auteur. C’est vrai que ça peut paraître étrange… mais je ne pense pas que les auteurs aient une grande marge de manœuvre sur le choix de leur illustrateur…Il faudrait leur demander… Parfois, c’est différent, on s’échange des mails, et on finit par former une véritable équipe. C’est ce qui s’est passé avec Pierre Delye : du coup, nous avons fait un 2eme album ensemble « la petite poule rousse ».

 

5. Rencontrez-vous des classes durant l’année scolaire ? Que vous apportent ces rencontres avec les enfants ? Et inversement, que pensez-vous qu’elles puissent leur apporter ?

Oui. C’est une façon de me frotter à mon vrai public !

Et puis, parfois, c’est aussi par leurs réactions que je comprends ce qui fonctionne oune fonctionne pas dans mes livres. Sur un de mes albums, dont j’étais aussi l’auteur, j’étais en désaccord avec mon éditeur : je voulais garder une phrase qui me paraissait importante, et lui voulait l’enlever pour alléger. Et je me suis rendu compte que les enfants ne comprenait pas bien ce passage, que nous aurions effectivement du garder cette phrase supplémentaire quitte à obtenir une chute un peu plus lourde. Mais bon…

Ensuite, j’adore parler de mon métier, de mes études d’arts plastiques, leur expliquer à quel point c’est chouette de se faire plaisir en travaillant. Je n’ai pas l’impression de venir en classe pour leur donner envie de lire des albums, mais plutôt pour leur donner envie de chercher ce qu’ils peuvent faire de leurs dix doigts.

J’aime bien leur donner envie de passer à l’action, de les voir prendre du papier, des ciseaux, et se mettre à bricoler quelque chose avec trois fois rien. Quand certains zappent presque la récré pour me bidouiller un truc sur le coin de leur bureau, je me dis que c’est gagné !