La littérature jeunesse à l'école

http://littjeunesse.free.fr/

Philippe Jalbert (Le questionnaire)

Philippe Jalbert.

http://www.philippejalbert.com

 

1. Pour vous, la littérature de jeunesse a-t-elle un intérêt à l’école ?

Je serai mal placé pour dire le contraire étant donné que j’interviens régulièrement dans le cadre de rencontres scolaires. A mon avis, elle y a sa place au même titre que tout autre support d’activité d’apprentissage ou de détente...

D’autre part, dans beaucoup de familles, le livre a du mal à se faire une place (par manque d’habitude, d’éducation, de budget… peu importe) ce qui donne à l’école, par le biais de la littérature jeunesse, un bon moyen de réintroduire le plaisir de lire dans certains foyers.

 

2. Que signifie pour vous d’illustrer des livres de littérature de jeunesse ?Que cela implique-t-il pour votre travail ?

A vrai dire je ne me pose pas trop la question de savoir pour qui j’illustre. J’essaie avant tout de me faire plaisir, égoïstement. Je pars donc d’un principe très simple : si je m’amuse je peux amuser quelqu’un d’autre (ce qui marche aussi, malheureusement, dans l’autre sens…). Principe que j’adopte tant dans le dessin que dans l’écriture. Du coup, peu importe que je dessine pour des enfants, des adolescents ou des personnes âgées.

 

3. Quelle relation « adoptez-vous » par rapport au texte que vous illustrez ? Comment envisagez-vous le rapport texte-image ?

La plus part du temps j’illustre mes textes. Du coup, j’écris en pensant aux images et vice versa (même quand je n’interviens qu’en tant qu’auteur, comme ça commence à m’arriver, j’ai du mal à envisager le texte seul). A partir de là, l’idée est d’amener une seconde lecture à l’enfant tout en évitant les redondances.

Etant donné que je travaille la plus part du temps pour des non lecteurs (l’essentiel de mes ouvrages sont pour les 2/6 ans), l’enfant doit pouvoir se raconter une histoire en lisant le livre tout seul. De toute façon, le livre n’est qu’un support pour développer l’imaginaire. Il n’est pas là pour le contraindre dans une direction ou une autre.

 

4. Comment entrez-vous dans le processus d’élaboration d’un livre ?

Etant donné l’économie du livre, on peut difficilement espérer vivre seulement des ventes, à moins d’être une usine à best-sellers. Du coup, il faut faire un livre avant tout pour le plaisir et ne pas en espérer beaucoup plus que la joie que sa conception procure…

La plupart du temps, je monte des projets d’albums entre deux boulots de commande et les propose ensuite aux éditeurs. Certains ne trouvent jamais d’éditeur mais, heureusement, ce n’est pas le cas de tous…

D’autres projets viennent directement d’éditeurs avec qui je travaille régulièrement. Dans ces cas là, il n’y a généralement pas de contact avec l’auteur qu’on peut ensuite rencontrer au hasard d’un salon.

De plus en plus, l’envie de collaborer avec d’autres personnes apparaît ce qui se concrétise par la naissance de projets d’albums illustrés ou écrits par des amis qui verront le jour –je l’espère-dans les mois à venir… Si jamais aucun éditeur n’en veut, on aura malgré tout passé un bon moment à monter le projet et ce n’est déjà pas si mal !

 

5. Rencontrez-vous des classes durant l’année scolaire ? Que vous apportent ces rencontres avec les enfants ? Et inversement, que pensez-vous qu’elles puissent leur apporter ?

J’avoue faire assez peu de rencontres (6 ou 7 par ans) par peur de perdre l’envie et la générosité nécessaires à leur bon déroulement. J’essaie de faire en sorte que ces moments là restent des moments de « fête » visant à faire prendre conscience aux enfants que n’importe qui peut faire un livre à partir du moment où il a une feuille de papier et un crayon. Tout ce qui compte c’est l’envie et faire confiance à son imaginaire.

 

Les rencontres avec les enfants font prendre conscience qu’il y a des personnes qui lisent votre travail ce qui n’est pas évident quand on passe ses journées assis derrière un bureau ! Du coup, on peut observer les réactions que suscitent le texte et les dessins. Et là, il y a des surprises, les enfants ne réagissant pas nécessairement où on pensait, remarquant des choses qui me paraissaient être totalement anodines, et je trouve ça, ma fois, plutôt réjouissant…